L’importance de trouver un sens au travail

Pour la plupart d’entre nous, les dernières semaines ont été synonymes de questionnement quant au retour en classe des enfants, de première visite depuis quelque temps à notre magasin favori, d’achat de masque et, parfois, de constat selon lequel notre niveau d’anxiété ne semble pas près de se stabiliser. Nous apprivoisons l’acceptation de l’inconnu (prévisibilité faible), impression qui ne risque pas de se dissiper dans les prochains jours ou les prochains mois.

Cela dit, quelle place le travail peut-il prendre dans un tel contexte? Comment conjuguer la réalité que nous vivons actuellement avec la performance attendue dans notre milieu professionnel?

Partons du principe que, dans la vie de tous les jours, il est normal de s’interroger sur la pertinence de ce que l’on fait. Toutefois, les choses sont différentes quand retourner au travail implique de devoir gérer la peur inhérente au fait de laisser son enfant à la garderie ou à l’école, et qu’il est impératif de le faire. Pourquoi dois-je retourner au travail? En quoi mon emploi mérite-t-il que je prenne des risques? La réponse la plus simple : l’argent. J’ai des comptes à payer, je n’ai d’autre choix que de retourner travailler. Toutefois, est-ce que cette réponse « si évidente » va vous permettre de vous sentir mobilisé pour les semaines ou les mois à venir et de le demeurer au-delà de la crise actuelle? Les recherches semblent de plus en plus démontrer le contraire.

C’est ici que je crois pertinent d’intégrer une notion qui a fait beaucoup de chemin au cours des dernières années : le sens du travail. Estelle M. Morin, professeure titulaire au département de management de HEC Montréal, le définit de trois façons : la signification, l’orientation et la cohérence. La signification réfère à la valeur qu’une personne accorde au travail. Quelle place votre travail occupe-t-il? S’agit-il d’un emploi temporaire ou d’une « vocation »? Par exemple, demandez-vous à quel point votre emploi est un facteur contributif à votre sentiment de bien-être. L’orientation renvoie à ce qu’une personne recherche dans son emploi (salaire, plaisir, relations humaines, etc.). Pourquoi ne pas vous interroger à savoir ce que votre travail vous apporte et ce qui vous manque? La cohérence, quant à elle, concerne le lien qui existe entre ce que vous êtes comme personne et votre profession ou métier. L’une des façons d’aborder votre réflexion serait d’établir en quoi votre personnalité vous permet d’exceller ou de vous accomplir dans votre travail.

Si vous tenez compte de ces facteurs, êtes-vous en mesure de donner un sens à votre travail? Est-ce suffisant pour vous permettre de vous y projeter dans une perspective à long terme? S’il existe un manque, est-il principalement attribuable à la situation actuelle?

Si vous avez répondu par la négative aux questions précédentes, sachez qu’il est normal de parfois perdre le sens de ce que l’on fait. Avec tous les aléas de la vie, nous nous retrouvons parfois à avancer sur « le pilote automatique », sans prendre conscience de certaines choses, dont nos motivations. Cela est d’autant plus vrai que nous vivons présentement une situation exceptionnelle à l’intérieur de laquelle les émotions et les divers stress (anxiété et angoisse) sont parfois exacerbés. Voici quelques petites astuces qui pourraient vous permettre de retrouver ce petit « plus » qui vous incite à sauter rapidement du lit le matin pour aller au travail :

  • Soyez créatif, proposez des idées et impliquez-vous dans les activités quotidiennes.
  • Adoptez le mode « projet » et soyez conscient de vos accomplissements. Voyez chaque mandat mené à terme comme une réussite.
  • Accordez-vous du temps pour réfléchir à votre cheminement professionnel (quelle direction ou quel sens pourriez-vous donner à votre carrière pour être en cohérence avec vos valeurs?).
  • Développez votre résilience. Vous devez accepter que certaines choses soient hors de votre contrôle, mais que vous demeuriez tout de même le vecteur principal de votre bonheur et de votre épanouissement.
  • Élargissez votre réseau. N’hésitez pas à échanger avec les gens qui vous entourent pour ainsi entretenir un sentiment de proximité et d’appartenance.
  • Exprimez vos besoins et vos sentiments. Il est nécessaire que vous partagiez vos doutes et appréhensions par rapport à la suite des choses.
  • Proposez votre aide. C’est toujours valorisant d’apporter du soutien à un collègue en difficulté et d’être présent pour l’autre.
  • Revenez à la base, cherchez à retrouver ce qui vous rendait heureux dans votre travail.

En terminant, je me permets de citer Friedrich Nietzsche : « Tu dois devenir l’homme que tu es. Fais ce que toi seul peux faire ». Cette phrase représente bien ma perception du sens au travail. Le plus important, selon moi, est d’apprendre à reconnaître sa valeur en tant que personne et en tant qu’employé. Quand on sait ce que l’on vaut, on prend aussi conscience de la destination que l’on peut atteindre.»

Bon courage à tous!

SCE